lundi 27 août 2012

Quand on n'a plus le malheur prêteur...

On entend souvent que "le malheur rend meilleur" et qu'en surmontant les obstacles qui s'imposent à nous avec courage, on sort grandi.

C'est peut-être vrai... Mais peut-être n'est-ce aussi que l'expression du bel espoir vain qui accompagne l'homme dans chacune de ses errances.

Aujourd'hui, cela fait un mois pile qu'elle a disparu et je ressens encore une colère sourde, un désespoir insidieux qui cherche à faire de moi une jeune femme aigrie et morose. Je ris, j'illumine l'espace par mes incessants tourbillons et puis je flanche. Mon expression s'efface, mon regard se vide, mes toutes petites rides se creusent. Je deviens agressive envers ces adultes qui se plaignent, j'ai envie de leur cracher au visage parce que je m'autorise à hiérarchiser les malheurs. Mais de quel droit ? Qui suis-je pour juger la douleur d'un être qui n'est pas moi ? Et d'ailleurs si je pousse ma démarche, mon ami qui a perdu son père il y a deux ans devrait vomir mes jérémiades. "T'en as profité deux ans de plus que moi connasse ! Arrête de nous faire croire que c'est la fin du monde, fallait te réveiller avant !". Mais il n'en est rien. Il me dit qu'il est là pour moi, qu'il comprend mon malheur parce qu'il est passé par là aussi, et qu'il m'entoure de toute son amitié.

Alors promis, je vais faire preuve de maturité et cesser de penser que le malheur n'appartient plus qu'à moi, pour enfin retrouver ma douce empathie d'autrefois.


mardi 21 août 2012

Je n'ai plus peur de la mort.


Autrefois, si.

J’avais même tellement peur de la mort que je me réveillais en sursaut la nuit et dévalais les escaliers au moindre bruit pour me glisser dans la chambre de ma mère et la regarder respirer calmement.

C’est ironique. Quand on a peur de la mort, on est très éveillé. On scrute l’autre jusqu’à devenir son oiseau de malheur à lui, en lui rappelant sa mortalité par nos regards effrayés. Ma mère détestait lire au fond de mes yeux l’angoisse que son état de santé provoquait chez moi.
J’ai eu ce même regard affolé et pressant lorsqu’elle s’en est allée. “Maman ! Respire !” voulait-il hurler. Un cri, et l’effondrement.

Aujourd’hui je n’ai plus peur de la mort. Je lui tendrai même les bras le jour venu. Si les morts se retrouvent entre eux, je serai auprès d’elle. J’attendrai souriante peut-être le reste de ma famille. Si la mort n’est qu’un passage douloureux, une souffrance, un trou béant, je souffrirai comme elle, braverai la mort aussi, ou bien rejoindrai le vide. Je me fiche de ce qu’est la mort. Je veux juste passer par les mêmes affres que ma mère. Ainsi où qu’elle soit, quoi qu’elle soit devenue, et même si elle n’est plus rien, elle se sentira moins seule.

Je n’ai jamais appris à vivre sans elle. Aujourd’hui, ce n’est plus de la mort que j’ai peur,

Mais de la Vie.

Source : inconnue

Feux Turquoises




Lorsque ma peau réclame un soleil qui ne vient pas, je repense avec nostalgie à ce merveilleux voyage en Martinique.


E. m’a fait vivre 12 jours colorés dans son “Beautiful Békéland” natal, et j’ai pris quelques photos ;
Je vous montre ? 








Bien qu’elles manquent un peu d’animation, ces photos rappellent à ma mémoire des souvenirs fantastiques !

Images et Croyances




Cela s’est passé il y a 17 jours.

Je ne sais par quel écœurant stratagème mon esprit vagabonde chaque jour à la même période vers les mêmes tristes méandres. Je prends ma douche, je sens l’eau fraiche dessaler ma peau. Peu à peu son corps frêle, déformé par la maladie, refait surface. Le jet a soudain le sifflement d’une respiration haletante, entrecoupée… Sa poitrine soulevée par l’énergie du désespoir m’apparait alors très vivement, et me terrorise tout à fait. Je veux détourner les yeux mais j’aperçois encore plus nettement sa bouche ouverte et tordue.

Elle était tellement belle.

Quel dieu pourrait infliger pareille souffrance à une femme si douce, si exceptionnelle ? Et à son mari ? Et à ceux qui l’aiment ?

Quand l’horreur survient, il y a ceux qui plongent tout entiers dans une religion choisie pour eux. Et il y a ceux qui rejettent violemment ce ou ces éventuels dieux qui permettent l’horreur d’un adieu trop pressé.

Je n’ai pas encore choisi mon camp.

(Photo prise lors d’un voyage en famille au Portugal)

Les Adieux Novices


Vendredi 27 juillet, peu après mes 23 ans, elle est partie. J'ai écrit mes adieux, et, pour les raisons que vous voudrez imaginer, je les ai postés...


"Ma très chère maman

Je n’ai pas ton talent pour l’écriture, mais je vais tout de même tenter de te servir ma plus belle expression pour  te remercier à nouveau de m’avoir tant aimée.

J’ai tellement pleuré ton départ qu’il ne reste plus, à la place des larmes, qu’un trou pesant sur mon cœur, que je m’attache à remplir chaque jour un peu plus de tous les souvenirs radieux que tu nous laisses.
Ton sourire scintille encore au fond de mon âme. L’amande pétillante de tes yeux verts continue de m’observer avec bienveillance. Certains entendront toujours tes éclats de rire, d’autres n’oublieront pas la gourmandise de tes gestes.

Comme tous ceux qui t’ont aimée et t’aiment encore, j’espère avoir tout fait pour te rendre heureuse ici, et je continuerai à tout faire pour te rendre fière là-bas.
Je chéris chaque seconde passée en ta compagnie, chaque soupir, chaque éclat de voix... Toutes les valeurs que tu m’as transmises sont bien ancrées au fond de mes tripes. 

La lecture si pertinente que tu faisais des âmes de ceux qui t’entourent, ta compréhension fine des réactions de tous, ton incroyable humanité, l’acuité, l’empathie et l’humour de tes remarques, faisaient de toi une femme exceptionnelle. 

Je suis extrêmement fière d’être ta fille. Et s’il m’est offert à mon tour d’avoir des enfants un jour, je m’enroberai de toute ta tendresse pour leur raconter leur grand-mère, qui s’est battue comme un tigre ensoleillé, jusqu’au bout, pour nous et pour eux.

Tu me manqueras toujours, mais je te promets que, comme le dit la chanson, je ne hisserai pas le drapeau blanc : je serai heureuse, parce que je t’aime."